Introduction à la recherche en histoire et philosophie de l'économie
Cerner le sujet et trouver une question de recherche
Affiner son sujet
La première étape consiste à réussir à passer d’un thème vague à quelques chose de plus précis. Lorsqu’on construit un sujet, on se heurte à différents problèmes récurrents :
- Les termes sont trop vastes (“économie”, “mathématisation”, “modèles”, “valeur”, “inégalités”). Il s’agit alors par exemple de se poser la question de quel sous-champ de l’économie on veut/penser parler ? Sur le sujet de la mathématisation, on peut par exemple décider de se concentrer sur la théorie de l’équilibre général (ce qui n’empêche pas d’essayer de dire des choses générales sur l’économie). Ou encore, de quel type de mathématisation parle-t-on (exemple: montée de l’axiomatisation et de la théorie ensembliste) ?
- Quelle temporalité ? Pourquoi ? Penser également à la question géographique, à l’opposition national/régional, local/mondial. Réfléchir à l’intérêt de situer géographiquement son sujet.
- Quelles questions mon sujet posent ? En quoi cela est intéressant ? Quelles problématiques intéressantes pourrais-je construire à partir de là? Important de poser à l’écrit une première salve de questions, sur lesquelles vous tenterez d’élaborer ensuite, ne serait-ce que pour tester à quel point vous pouvez pousser votre sujet et en tirer des réflexions intéressantes.
- Il est important de se mettre au clair sur vos préconceptions sous-jacentes : par exemple, pourquoi est-ce que je travaille sur la mathématisation de l’économie ? Est-ce parce que je considère qu’il y a un rôle trop important des maths en économie ? Il est important de neutraliser ou de canaliser ses préconceptions.
- Neutraliser et canaliser ses préconceptions signifient, entre autres,
- qu’il faut s’évertuer à être “charitable” avec l’auteur que l’on étudie
- plutôt que de penser que l’efficience des marchés ou les anticipations rationnelles sont des hypothèses stupides, totalement irréalistes, il faut essayer de comprendre pourquoi ces hypothèses ont été adoptées si généralement ? Pourquoi des gens intelligents utilisent ces outils ? Quelle préconception, quelle épistémologie, quelle méthodologie, quels objectifs (rhétoriques, institutionnels, scientifiques), quelles pratiques sociales derrière ?
Une autre façon de “travailler” son sujet, c’est de lui poser un certains nombres de questions assez simples :
- Qui? : qui sont ces gens à qui je m’intéresse ? Que font-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Penseurs, économistes, philosophes, groupe de recherche, département, profession, champs, sous-champs…
- Quoi? : Qu’est-ce que l’on souhaite observer ? Et pourquoi ? Des pratiques, concepts, un savoir, un instrument, la trajectoire d’un individu, d’un groupe, …
- Quand et où? : Contexte spatio-temporel / Evènement / bornes / ruptures et révolutions / continuité / sentiers de dépendance / traditions nationales / Internationalisation et américanisation.
- Comment ? : En analysant des sources et en choisissant des matériaux à utiliser.
Typologie de sujets
Il faut faire attention à l’histoire d’un auteur unique. Si elle a l’avantage de permettre de cerner facilement un corpus (sauf si on a déjà beaucoup écrit sur cette auteur, #AdamSmith). Difficulté si beaucoup a été dit dessus, difficulté s’il n’y a pas trop de littérature secondaire sur cet auteur. Comment réussir à souligner l’intérêt d’un auteur par rapport à d’autres, si on focalise son travail uniquement sur cet auteur? Cela peut conduire également à certaines difficultés également pour dégager des résultats généralisables.
Des fois, il est plus productifs et plus intéressant de :
Se centrer sur une méthode : les randomisations aléatoires [par exemple, la thèse de @favereau2014; et son résumé @favereau2014b], la comptabilité à partie double [un classique de la sociologie de la quantification: @carruthers1991], les expériences de laboratoires, etc.
Etudier un objet institutionnel : le revenu universel, une revue scientifique particulière [sur History of Political Economy voir @giraud2019], les JEL codes [@cherrier2017], des modèles macroéconomiques dans des institutions [@cherrier2019], la discrimination [la thèse de @chassonnery-zaïgouche2014], etc.
Etudier un concept/objet économique : la stagflation [@goutsmedt2021], la discrimination [la thèse de @chassonnery-zaïgouche2014], les biens publics [la thèse de @desmarais-tremblay2016], la performativité des théories économiques [la thèse de @brisset2014], la souveraineté du consommateur, etc.
Penser en termes de géographie/faire varier les zones géographiques :
l’économie en Inde [voir le résumé de la thèse de @bach2020], la lecture des auteurs classiques par les économistes chinois [@xiao2021].1Mettre des auteurs en relation les uns avec les autres.
S’intéresser aux controverses scientifiques (attention, si quelque chose est déjà connu comme une “controverse scientifique”, c’est sans doute trop connu pour faire son mémoire dessus. Ex: controverse Vining-Koopmans/ Keynes-Tinbergen).2
S’intéresser à des groupes d’économistes: histoire du MIT [@cherrier2014], communauté des nouveaux classiques, économistes de la régulation/convention, des conférences (permet de voir les discussions entre auteurs)3, les prix et récompenses (Prix Nobels, John Bates Clark medal, Prix du meilleur jeune économiste, etc.).
Typologie des questions de recherche. On peut souvent “trouver” sa question de recherche à partir des ces grandes “questions-type” :
Origine, filiation, “influence” : “d’où vient” une idée, une pratique, une théorie, un modèle, un objet de recherche, une forme de quantification, un standard professionnel, etc.4
Réception : “où va” une idée, une pratique, une théorie, un objet, etc. (l’inverse de la question précédente : “amont - aval”).
- Sous-questions : par quels canaux (individus, formations, revues, institutions, médias) se fait la diffusion ? Quelles résistances elle rencontre (controverses, débats, oppositions, compétitions, …)
Comparaison : “en quoi X est différent de Y” ? (sujet plus “statique” vs. “dynamique” de l’origine ou réception). Délimiter X ou Y (champ, approche, théorie, modèle, auteur, etc.).
- Sous-questions : “dimension” de la comparaison (analytique, empirique, pratique, politique, méthodologique, épistémologique) ; “rupture ou continuité ?”
Attention aux questions bateaux :
- “que pense X de tel ou tel sujet?”. Vous courrez le risque de faire une analyse sans relief (qui se contenterait de répéter ce que n’importe qui pourrait dire s’il lisait les mêmes textes), sauf si on dispose de matériaux inédits (archives, entretiens) et qu’on a une façon de motiver pourquoi c’est intéressant (par exemple : ce que pense X de tel sujet influence ce que pense X de tel autre sujet connu ; mais du coup on retombe bien sur une question de recherche du type “influence”/origine).
- “X est incohérent sur tel sujet” => risque de faire une critique peu charitable, parti pris.
- “X c’est vraiment génial, original et inédit” => risque de produire une apologie, un parti pris.
Aller plus loin sur les types de sujet : quelques références en historiographie
L’histoire de la pensée économique n’a pas été épargnée par les débats sur les bonnes d’écrire l’histoire. Ces débats ont le mérite de poser sur la table de nombreuses questions historiographiques et d’interroger le chercheur (et donc l’étudiant qui doit écrire un mémoire de recherche) sur la manière d’interroger sont sujets, sur les méthodes mobilisées, ainsi que sur la perspective historiographique adoptée. L’étudiant pourra ainsi trouvée quelques réponses, mais surtout voir émerger de nouvelles questions, à la lecture, pour l’histoire de l’économie et de la pensée économique, de Backhouse (1992), Backhouse (2001), Emmett (2014), Fontaine (2016), Forget (2005), Hands (1997), Lapidus (2019), Weintraub (1999), Weintraub (2005), Winch (2018), Stapleford (2017). Pour d’autres débats en histoire de la philosophie et en histoire des sciences, voir: Collini (1988), Passmore (1965), Rorty (1984), Seidman (1983), Thomas (2017), Wilson (2017).
Délimiter et construire un corpus
Où chercher ?
Une première série d’outils, les bases de données bibliographiques:
Domino : c’est l’outil de Paris 1 qui permet d’avoir accès aux différentes ressources documentaires de Paris 1, dont les différentes bases de données bibliographiques (comme JSTOR ou econlit). Permet aussi de chercher plus précisément où trouver une revue électronique. Domino vous donne par exemple également accès au New Palgrave Dictionary of Economics, ressource utile pour avoir une bonne base sur certains concepts économiques et repérer les références majeures. Depuis 2020, Domino est en cours de remplacement par Mikado.
Le Sudoc : c’est la base de données regroupant les différents catalogues des bibliothèques universitaires. Très utile pour chercher une thèse par exemple. L’avantage de faire de la recherche à Paris, et qu’on peut retrouver un certain nombre de document (en utilisant le sudoc) dans certaines bibliothèques universitaires parisiennes.
Google scholar : c’est le moteur de recherche le plus efficace pour trouver des références. Quand vous êtes sur le réseau Paris 1, il est plus simple de chercher directement sur google scholar qui vous proposera automatiquement le PDF que de passer par Domino.
Un nouvel outil de recherche bibliographique (et d’analyse bibliométrique) à tester: Dimensions. Permet d’avoir accès notamment à des rapports d’institutions.
Au-delà de ces bases de données bibliographiques, il y a d’autres moyens de trouver des références sur votre sujet:
pensez à regarder les bibliographies des manuels et handbooks ;
souvent la recherche bibliographique est un processus itératif : vous trouvez de nouvelles références dans les bibliographiques des nouveaux textes que vous lisez ;
les books reviews publiés par les revues académiques ;
pensez à demander aux autres étudiants et aux chercheurs qui travaillent plus ou moins sur les mêmes sujets que vous ;
Twitter peut parfois être un outil de veille intéressant.
Il est également important de savoir quelles sont les revues qui publient en histoire de la pensée économique et en philosophie/épistémologie économique. C’est souvent également une bonne manière d’avoir une idée de ce qu’il se fait dans le champ. Voici une liste quasi-exhaustive:
- History of Political Economy ;
- European Journal of History of Economic Thought ;
- Journal of the History of Economic Thought ;
- History of Economic Ideas ;
- OEconomia ;
- Cahiers d’économie politique ;
- Journal of Economic Methodology ;
- Philosophy & Economics ;
- Politics, Philosophy & Economics.
Savoir lire en diagonale
Face à une littérature primaire et secondaire qui s’allonge souvent très vite, il faut trouver des moyens de traiter toute cette information de manière efficace. Les notes de lectures (book reviews) sont une bonne manière de se faire une idée rapide du contenu d’un livre. Pour les articles, comme pour les livres, le plus simple est de lire rapidement l’introduction (voire la conclusion). Vous pourrez toujours vous pencher plus avant sur le contenu de l’article si vous pensez pouvoir y trouver des éléments factuels intéressants, ou bien s’il s’agit d’un article qui sera central dans votre mémoire.
Il est important de prendre des notes sur ce que vous lisez (cela rentre dans la pratique du “carnet de bord” ou “research log”; voir ci-dessous).
Sources et méthodes de la recherche
Différents matériaux appellent différents traitements/méthodes. Et ces différents matériaux et méthodes sont complémentaires et peuvent vous permettre de dégager des résultats intéressants dans vos mémoires.
Sources textuelles : littérature primaire/secondaire
On distingue en général littérature primaire (ce que vous étudiez) et littérature secondaire (ce qui parle de ce que vous étudiez). Au-delà des classiques articles académiques et livres, il y a des sources textuelles primaires plus originales:
les retranscriptions de séminaires et de conférences ;
la “littérature grise” (rapports d’institutions, documents de la politique économique, auditions) ;
les retranscriptions d’interviews et l’histoire orale ;
les articles presse ou de blogs/forums (ou dans les médias en général, radio, télé) ;
les écrits dans les réseaux sociaux.
Archives
Quelques exemples d’archives intéressantes accessibles à Paris ou depuis votre fauteuil :
- archives de Bercy ;
- archives de l’EHESS ;
- archives de la banque de France ;
- archives de la Fed ;
- archives de Margaret Thatcher ;
- archives de l’Union Européenne.
Pourquoi recourir aux archives?
- Quand on travaille sur des périodes plus récentes, cela permet d’avoir accès à des écrits différents des standards de la recherche et de la structure classique d’un article académique (via des brouillons, des rapports de recherche, de la correspondance…) ;
- La correspondance permet justement d’avoir accès aux échanges entre économistes et constitue un matériel intéressant pour l’étude des controverses ;
- C’est par les archives qu’on peut essayer de comprendre l’implication des économistes dans le débat public et leur rapport à l’expertise ;
- Les archives sont un matériaux essentiels pour retracer l’histoire d’institutions (banques centrales, revues, universités…).
Cela peut également être un plus dans vos recherches car les archives vous donnent accès à des matériaux moins connus que des publications officielles (voir inédits) et contribuent donc à l’originalité de votre travail.
Une fois que vous avez trouvé un fonds d’archives qui vous intéresse, il est important de voir si vous pouvez accéder à ce fonds et les conditions générales. Renseignez vous sur le matériel que vous pouvez emmener en salle de consultation (votre ordinateur?) et s’ils vous sera possible de prendre des photos ou de faire des photocopies. Aujourd’hui, avec la qualité des appareils photos dans les téléphones, il est assez simple de prendre soi-même en photos ses archives (au-delà de 10 megapixels la qualité est ok). Vous pouvez recourir à des applications de “scanner” (tel AdobeScan) qui permettent de prendre des photos, d’organiser vos photos en pdf, et de la reconnaissance de texte (l’OCR) en temps réel.
Il est également important de préparer d’avance votre grille de classement et d’analyse de vos archives. Voici un exemple d’une telle grille :
Box | Folder | Type | Date | Keyword | Summary | Scan |
---|---|---|---|---|---|---|
38 | Schultze’s files paper | Memo | 22-7-78 | Amendment | current situation in Congress. Explaining the political divisions | Yes |
122 | Schultze’s Briefing book files | Letter | 21-5-79 | Keyserling | Keyserling’s disappointment regarding current policy against unemployment | No |
Interview:
Suivant les types de sujets choisis (en général pour les objets d’études plus récents), il est intéressant de réaliser des interviews.
- Permet de confirmer quelques pistes de réflexion/obtenir des infos inaccessibles ;
- Permet également d’avancer plus vite sur sa recherche, d’obtenir des infos qu’on aurait pu trouver soit même, mais plus rapidement grâce à la connaissance et l’expertise de la personne qu’on interview ;
- Confronter les points de vue par la triangulation des interviews pour comprendre les positionnements des différents acteurs (utile par exemple dans l’étude des controverses) ;
- Apprentissage d’une compétence supplémentaire valorisable.
Pour la méthode de l’interview voir @dechadarevian1997, @jullien2019 et le classique de Howard @becker2020 .
Quelques conseils de base pour une interview réussie :
Il est important de bien préparer son interview en étudiant en détail le CV de l’interviewé, et prenant des notes factuelles pour montrer à l’interviewé que l’on connaît le sujet et que l’on a travaillé en amont. Savoir montrer qu’on maîtrise le sujet tout en posant des questions relativement large ;
Pensez à structurer votre interview avec trois ou quatre grand thèmes. Vous pouvez ensuite construire une grille d’interview en trois colonnes: les grandes questions suivant la structure de votre interview, des relances pour chacune de ces grandes questions, ce que l’on sait déjà à propos des questions que l’on pose) ;
Le “comment?” plutôt que le “pourquoi?”. Vous pouvez transformer toutes vos questions de manière à ce qu’elles soient formulées en termes de “comment?” plutôt que de “pourquoi?”. La seconde forme peut plus facilement braquer votre interlocuteur. La première formulation appelle des détails factuels et paraît plus inoffensive ;
Laissez votre interlocuteur parler ;
Posez des questions larges où l’interlocuteur donne son avis/à mélanger avec des questions techniques/précises, sur des points d’infos dont vous avez besoin.
Méthodes quantitatives
Les méthodes quantitatives commencent à se développer assez largement en histoire de la pensée économique et en philosophie/méthodologie économique. Pour plus d’information sur ce type de méthodes, vous pouvez aller jeter un coup d’oeil à ce cours du séminaire MEHPERE.
Quelques outils assez simple peuvent vous permettre de dégager quelques réflexions quantitatives sur votre sujet:
Google Books Ngram viewer (exemple Walras, Menger, Jevons / English, French, German) ;
Google scholar et bibliométrie basique (exemple avec Becker). Permet de voir l’évolution des citations de Becker, ses papiers les plus cités, comparer avec d’autres économistes, d’autres articles…
La plateforme Constellate développée par JSTOR, qui est encore en version Beta mais qui permet de faire des analyses intéressantes (exemple avec la “main invisible”). L’application repère des mots dans le plein texte des documents recensés sur JSTOR (pas très complet pour le moment), et vous propose un tableau de bord pour analyser les publications qui utilisent les mots auxquels vous vous intéressez.
Il faut avoir conscience du fait que ces outils sont encore assez primaires. Ils peuvent être une première étape pour tester quelques intuitions, faire émerger quelques surprises, qu’il faudra ensuite creuser de manière plus approfondie (qualitativement ou quantitativement).
Parmi les méthodes quantitatives utilisées en HPE et en philosophie économique, on trouve:
Analyse textuelle (analyse de fréquence et TF-IDF, analyse de sentiment, topic-modelling, etc.) ;
Bibliométrie ;
Analyse de réseau (réseaux de citations, réseaux de vocabulaire, réseaux sociologiques) ;
Prosopographie (biographie collective), à mi-chemin entre analyse quantitative et qualitative ;
Statistiques et économetrie (ACM, ACP, régressions…).
Organiser le travail et traiter l’information
Plusieurs outils et pratiques peuvent vous permettre d’organiser votre travail de recherche et de traiter l’information requise plus efficacement. Nous nous concentrons ici sur trois pratiques/outils.
Les tableaux pour classer l’information
Plutôt que des longues listes d’information dans un document texte, il est souvent utile de recourir à des tableaux pour classer certaines informations:
archives récoltées (voir ci-dessus) ;
liste des individus auxquels vous vous intéressez ;
Liste de modèles, ou liste d’articles sur un même sujet ;
Chronologie.
Le but est de construire une grille d’analyse systématique, et le tableau vous permet d’embrasser d’un coup d’œil l’information récoltée, de catégoriser vos éléments, de renvoyer vers d’autres informations.
Fiches de lecture et Research Log
Pour chaque article/livre que vous lisez, prenez quelques notes sur l’argument général de l’article et la thèse (plus ou moins explicite) de l’article. S’il y a des matériaux intéressant (informations, citations, arguments) qui pourront vous être utiles plus tard, pensez à les noter et à référencer la page. Prenez également des notes sur ce que vous pensez de l’article (est-ce convaincant? quels sont les points forts et points faibles) et à souligner en quoi ça peut vous aider pour votre mémoire. Cela prend un peu de temps au début et nécessite de s’impliquer plus activement dans la lecture (ce qui est une bonne chose), mais il est important de garder une trace de vos lectures, car la plupart du temps, vous n’en aurez que peu de souvenirs au bout d’un mois.
Plus généralement, pensez à prendre en note tout ce que vous pensez, à n’importe quel moment, à propos de votre mémoire. Ce qui implique d’avoir son portable sous la main pour noter des choses pendant que vous réfléchissez dans le métro, ou bien un carnet à côté de son lit pendant les nuits d’insomnie (ce n’est pas une excuse pour ne pas essayer de vous déconnecter de votre travail de mémoire autant que possible une fois la journée terminée). Le principe du research log ou carnet de bord est de centraliser quelque part toutes vos bonnes idées, vos réflexions, vos esquisses de plan de mémoire ou de section, etc.
Zotero, la boîte à (quasi-)tout faire
Zotero, qu’est-ce que c’est :
C’est un outil pour créer des bibliographies (son usage le plus connu). A partir des références que vous avez intégrées dans Zotero, vous pouvez générer des bibliographies en document texte selon le style bibliographique de votre choix (possibilité également de créer un
.bib
pour ceux qui utilisent LaTeX. Vous pouvez vous en servir dans word, en l’utilisant dans le texte pour citer des références (en auteur-date ou en note de bas de page), ce qui vous permet de créer une bibliographie avec toutes les références que vous avez citées à la fin du document.C’est un outil pour récupérer facilement des références et des PDF sur internet. Il existe des connecteurs pour quasiment chaque navigateur, et une fois sur Google Scholar, JSTOR, Google Books, etc, vous pouvez récupérer en un clic les métadonnées, ainsi que le PDF s’il est accessible.5
Zotero permet d’organiser votre matériel/corpus de manière plus efficace et centralisée.
L’utilisation de Zotero permet de renommer automatiquement (ou en un clic) vos pdf, et ainsi de les avoir tous regroupés au même endroit, et de pouvoir naviguer facilement dans vos pdf grâce au moteur de recherche intégré à Zotero (recherche par auteur, par titre, par revue, par tags, et même par contenus des pdf).
Il est également possible d’ajouter des marqueurs pour chaque référence, ce qui permet de donner quelques mots clés aux documents que vous avez extraits, et de pouvoir naviguer plus facilement dans votre corpus par la suite.
Vous pouvez également connecter les références entre elles, mais surtout vous pouvez associer une ou plusieurs notes à chaque référence. C’est une manière efficace d’écrire vos notes de lecture, et de les avoir directement associées au texte dont il est question.
Les notes ne doivent pas nécessairement être connectées à une référence. Il est ainsi possible de prendre en note toutes vos idées/réflexions/arguments pour votre mémoire. Chaque fois où vous voulez noter des réflexions, ouvrez une nouvelle note sur Zotero. Ces notes seront donc classées par date, et vous pourrez leur adjoindre des “marqueurs” suivant ce dont elles parlent (en plus de pouvoir recourir au moteur de recherche pour chercher dans le contenu des notes).
Dans sa version beta, Zotero intègre désormais un lecteur de PDF. Vous pouvez donc ouvrir directement un pdf dans Zotero, le surligner et le commenter. Ces commentaires sont sauvegardés dans Zotero mais pas dans le pdf, ce qui vous permet de faire circuler le pdf à des collègues sans faire circuler vos notes personnelles.
Enfin, Zotero est également un outil de gestion de Flux RSS, outil essentiel pour faire de la veille (plus d’information ici).
Il existe une documentation assez détaillée sur Zotero, ainsi que différent blogs avec des suggestions d’utilisation et des bonnes pratiques (et notamment un blog francophone).
La recherche et l’écriture d’un mémoire ne sont pas une activité solitaire
Même s’il implique beaucoup de tâche solitaire, puisqu’il s’agit de votre recherche et de votre mémoire, il ne faut pas négliger l’aspect social et collectif de ce travail. Pensez à solliciter votre directeur ou directrice de mémoire : il ne s’agit pas de le/la harceler, mais de faire en sorte qu’ils ou elles lisent vos premiers brouillons, et surtout de lui écrire dès que vous avez quelques questions.
Tout aussi important : pensez à partager vos réflexions, idées et difficultés avec les autres étudiants. N’hésitez pas à organiser des sessions de discussions collectives et de relecture. C’est le meilleur moyen de progresser (votre travail sera discuté et relu, mais vous apprendrez également beaucoup en faisant la même chose sur le travail des autres).
L’écriture du mémoire
L’organisation du travail d’écriture
En ce qui concerne le rythme de l’écriture et l’organisation de cette écriture, il n’y a pas de règles d’or :
Chacun a son rythme, chacun est capable d’écrire plus ou moins de pages en une journée/semaine. A vous d’apprendre à vous connaître et d’organiser l’écriture du mémoire en conséquence.
Chacun a son organisation : certains écrivent à partir d’une idée très large, complètent par des recherches pendant l’écriture, réécrivent plusieurs fois. D’autres font un plan très serré, se construisent une idée très précise de ce qu’ils veulent écrire, puis écrivent un premier jet déjà solide.
Quels que soient le rythme et l’organisation de l’écriture, un mémoire rendu ne peut être un premier jet. Laissez-vous le temps d’une réécriture, et d’une sérieuse relecture. Ne finissez pas votre mémoire trois jours avant le rendu !
Quel type de contribution : synthèse ou originalité ?
Il n’est pas attendu de véritable contribution à la recherche à proprement parler : vous êtes encore en M2 et les évaluateurs en sont bien conscients. Il s’agit d’abord de témoigner d’une capacité à offrir une revue de littérature sur un sujet, à montrer une certaine connaissance des problématiques. Il ne vous est pas demandé de faire une contribution originale à la recherche.
Cela ne veut pas dire que votre mémoire ne peut pas comporter une certaine part d’originalité. Où peut se trouver l’originalité ?
dans l’objet étudié:
par l’objet en tant que tel ;
du fait de la perspective adoptée pour étudier cet objet ;
du fait de la période/zone géographique choisie ;
dans les matériaux utilisés (archives/correspondances, interviews…).
Il n’y pas forcément de nécessité d’avoir une thèse forte et originale dans votre mémoire, même s’il faut avoir un fil conducteur, un argument à défendre.
Structure du mémoire
Il est important d’avoir une vision “souple” de la structure : ce n’est pas une dissertation. Ne vous imposez pas des règles inutiles de deux ou trois parties, de thèse/antithèse/synthèse ou autre carcan de ce genre.
Différents types de structure peuvent être envisageables :
Structure chronologique ;
structure qui présente les différents camps en présence (tâchez dans ce camp de ne pas vous contenter de présenter les différents camps, mais de faire avancer l’argumentation et de donner un certain dynamisme à cette présentation) ;
structure en fonction des différentes controverses étudiées ;
structure par méthode et sources mobilisées.
De nombreux choix de structure sont possibles et la flexibilité est de mise. L’important est la cohérence d’ensemble, le fait que les parties s’articulent entre elles et qu’elles vous permettent de faire avancer votre argument.
Longueur du mémoire
C’est souvent une angoisse au début de l’écriture : “ai-je assez de choses à dire? Mon mémoire ne sera-t-il pas trop court?”. En général, c’est plutôt l’inverse qui se produit.
L’écriture d’un mémoire implique la maîtrise de votre sujet mais une certaine capacité à synthétiser, à passer rapidement sur certains arguments/faits/éléments d’analyse, s’ils sont sourcés. Il n’y a pas de critère de taille : personne ne dira que votre travail est génial car il dépasse les 100 pages.
Sachez couper, sachez aller droit au but, tout en utilisant habilement références, annexes et notes de bas-de-page pour donner plus de détails. Lors de la relecture de votre mémoire, efforcer vous de couper les longueurs et de rendre le texte plus dynamique.
Quelques conseils d’écriture
Soigner son argumentation
Il est important d’étayer tous ses arguments. Dès que l’on affirme quelque chose, il est nécessaire de le justifier :
par un raisonnement logique approprié ;
par une référence (il faut de citer dès que vous vous référez à une source, ou de trouver des sources qui appuient ce que vous dîtes si vous avancez un argument) ;
en exhibant des preuves (données statistiques, citations, passage d’interview…).
Savoir être direct
Il est important d’éviter autant que possible le “méta-texte” :
ne pas annoncer ce qui est “intéressant”, vous devez montrez que c’est intéressant ;
“il est évident que…” : Rien n’est évident !
les effets d’annonces (“on va faire…”, “nous allons montrer que…”, “nous allons d’abord nous intéresser à…”) ;
Faîtes, n’essayez pas : “je vais essayer de motnrer que…”, “je m’efforce de démontrer que…”.
Soignez le style
Il y a plusieurs “règles” de style à garder en tête quand l’on écrit. Ces règles ne sont pas absolues, elles ne fonctionnent pas à tous les coups, et certaines peuvent parfois rentrer en contradiction. Mais elles sont importantes à garder en tête pour prendre du recul sur son écriture, et savoir repérer là où l’on pèche.6
Une phrase commence par un sujet et un verbe autant que faire se peut.
ce qui implique la forme active autant que possible (si vous utilisez la forme passive, ayez conscience que c’est parce que vous voulez mettre en avant quelque chose) ;
les sujets des phrases (surtout quand on fait de l’histoire) doivent être autant que possible des individus, des sujets agissant.
Vérifiez que le sujet de la phrase est toujours évident : “Esther Duflot recourt alors à l’expérience aléatoire. Elle s’oppose aux expériences de laboratoire”.
Évitez les verbes “être”, “avoir”, “faire”, “dire” ; utilisez des verbes avec une signification plus précise.
Assurez-vous de l’enchaînement logique entre les phrases :
ce qui commence la phrase n+1 doit être ce qui termine la phrase n ;
utiliser les coordinateurs logiques: “donc”, “par conséquent”, “cependant”, “bien que…”Jacques Drèze, à son retour des Etats-Unis, crée le Center for Operations Research and Econometrics (CORE). Le centre permet alors d’accueillir des chercheurs dont les centres d’intérêts convergent vers des thématiques communes. La théorie de l’équilibre général occupera ainsi une place centrale au sein du CORE”.
Utilisez les notes de bas de page pour sourcer/étayer des propos, sans casser la “dynamique” du texte principal.
Abandonner vos velléités littéraires. “Jacques Drèze, à son retour du pays de l’Oncle Sam, se donna corps et âmes (car oui, il était habité par plusieurs âmes : l’amour de l’axiomatique et sa dévotion au projet d’une Europe unie par la Science) à la création de l’œuvre de sa vie : le Center for Operations Research and Econometrics (CORE). Le centre constitua un hâvre, un cénacle, une pléiade – que dis-je : un Éden ! – pour les chercheurs mathématiciens en mal de reconnaissance dans leurs contrées respectives.”
Ne pas être jargonneux tout en maîtrisant le vocabulaire technique. “Répliquant l’ontologie post-hayékienne des cycles d’affaires, Lucas renverse l’épistémologie économétrique de la macroéconomie de la synthèse, en recourant à un paradigme kuhnien hybride, car a-réaliste et non-poppérien”.
Les citations ne s’expliquent pas toutes seules : il faut les commenter !
La relecture, l’étape indispensable
De manière générale : ne surestimez pas votre lecteur. Concrètement, il s’agit d’enseignants-chercheurs qui vont devoir lire beaucoup de mémoires. Autrement dit, ce n’est pas à eux de “tout” faire pour comprendre ce que vous avez voulu “réellement” dire. Ce que vous voulez dire doit être explicité clairement, et donc compréhensible dès la première lecture. Notamment, le sens des termes important (récurrents) dans votre mémoire doit être toujours explicité.
N’hésitez pas à vous faire relire par d’autres étudiants, pour vérifier si votre texte est compréhensible (surtout l’introduction).
Pour les curieux : L’écriture et ses outils
Il est probable que vous êtes désormais coutumier de l’utilisation de libre office ou de word. Ces logiciels offrent une panoplie d’outils qui permettent de rédiger des mémoires (stylage du document, création de tables des matières, etc.). Néanmoins, ces logiciels ont quelques défauts :
Faible portabilité (tout un tas d’erreurs de formatage peuvent se glisser dans le document si vous le transmettez à un co-auteur/lecteur qui utilise une autre version, un autre système d’exploitation…)
Instabilité dans le temps (changer de version de word peut introduire des problèmes dans la lecture de documents écrits avec les versions précédentes)
effet boîte noire pour certaines fonctions : il est parfois très compliqué sur Word ou libreOffice de comprendre pourquoi l’on arrive pas à réaliser telle ou telle chose. Le fait que word soit sous licence privée renforce cela.
Il existe tout un tas d’outils alternatifs, en partie développés pour les chercheurs. Ces outils ont en commun de séparer l’écriture du texte, de son formatage. La formatage se fait par l’écriture de fonctions et lignes de code.
En économie, l’outil le plus répandu, tant pour écrire ses articles, son mémoire, sa thèse que ses slides, est LaTeX. LaTeX est un logiciel libre, qui permet de formater vos textes de manière simple et prévisible, une fois maîtrisées les commandes de base. Vous n’aurez besoin que d’une demi-journée d’initiation pour pouvoir commencer à écrire des documents sur LaTeX (voir par exemple ce tutoriel). Il existe également un outil de collaboration en ligne pour LaTeX qui a l’avantage d’être assez agréable à utiliser (même si vous écrivez seul) et qui vous dispense d’installer les logiciels nécessaires sur votre ordinateur personnel : Overleaf.
Il existe une autre approche, un peu plus difficile à prendre en mains, mais qui offre de nombreux avantages (voir une description complète ici ou ici). Plutôt que de passer directement par LaTeX, vous pouvez écrire et coder en Markdown, un langage extrêmement simple utilisé au départ pour produire des pages html. Grâce à pandoc, vous pouvez ensuite transformer votre fichier markdown en page html, en pdf (pandoc utilise LaTeX pour cela), ou même en document word. LaTeX, tout comme cette seconde approche, permettent une intégration étroite avec Zotero (voir les explications ici).
Il est évident que ces approches ont un coût d’entrée pour pouvoir se les approprier, tant pour en acquérir les bases, que pour trouver des solutions aux petites erreurs qui pourront être nombreuses dans les premiers mois d’utilisation. Elles valent néanmoins le coup de s’y intéresser, car elles peuvent constituer un gain de temps certains à plus long terme, et permettent d’acquérir des compétences dont le domaine d’application s’avèrent plus large que la maîtrise des différents onglets de la version 2016 de word (écriture de page web, édition de revues et livres, maîtrise plus approfondie des styles bibliographiques, initiation à l’utilisation de la ligne de commande, etc…).
Bibliographie
Backhouse, Roger E. 1992. “How Should We Approach the History of Economic Thought, Fact, Fiction or Moral Tale?” Journal of the History of Economic Thought 14 (1): 18–35. https://doi.org/10.1017/S1053837200004375.
———. 2001. “How and Why Should We Write the History of Twentieth-Century Economics?” Journal of the History of Economic Thought 23 (2): 243–51.
Collini, Stefan. 1988. “‘Discipline History’ and ‘Intellectual History’ Reflections on the Historiography of the Social Sciences in Britain and France.” Revue de Synthèse 109 (3-4): 387–99. https://doi.org/10.1007/BF03189137.
Emmett, Ross B. 2014. “Defending the History of Economic Thought.” History of Political Economy 46 (3): 539–40. https://doi.org/10.1215/00182702-2796400.
Fontaine, Philippe. 2016. “Other Histories of Recent Economics: A Survey.” History of Political Economy 48 (3): 373–421. https://doi.org/10.1215/00182702-3638607.
Forget, Evelyn L. 2005. “Same View, Many Lenses.” History of Political Economy 37 (2): 205–10. https://doi.org/10.1215/00182702-37-2-205.
Hands, D. Wade. 1997. “Conjectures and Reputations: The Sociology of Scientific Knowledge and the History of Economic Thought.” History of Political Economy 29 (4): 695–739.
Lapidus, André. 2019. “Bringing Them Alive.” The European Journal of the History of Economic Thought 26 (6): 1084–1106. https://doi.org/10.1080/09672567.2019.1682022.
Passmore, John. 1965. “The Idea of a History of Philosophy.” History and Theory 5: 1–32. https://doi.org/10.2307/2504117.
Rorty, Richard. 1984. “The Historiography of Philosophy: Four Genres.” In Philosophy in History: Essays in the Historiography of Philosophy, 49–75. Cambridge ; New York: Cambridge University Press.
Seidman, Steven. 1983. “Beyond Presentism and Historicism: Understanding the History of Social Science.” Sociological Inquiry 53 (1): 79–91. https://doi.org/10.1111/j.1475-682X.1983.tb01167.x.
Stapleford, Thomas A. 2017. “Historical Epistemology and the History of Economics: Views Through the Lens of Practice.” In Symposium on the Historical Epistemology of Economics, 35A:113–45. Research in the History of Economic Thought and Methodology. Emerald Publishing Limited. https://doi.org/10.1108/S0743-41542017000035A007.
Thomas, William. 2017. “Scientists’ Imagined Pasts and Historians’ Appreciation of Scientific Thought.” Isis 108 (4): 830–35. https://doi.org/10.1086/695605.
Weintraub, E. Roy. 1999. “How Should We Write the History of Twentieth-Century Economics?” Oxford Review of Economic Policy 15 (4): 139–52. https://doi.org/10.1093/oxrep/15.4.139.
———. 2005. “Misusing History: A Minisymposium.” History of Political Economy 37 (2): 177–78.
Wilson, Adrian. 2017. “Science’s Imagined Pasts.” Isis 108 (4): 814–26. https://doi.org/10.1086/695603.
Winch, Donald. 2018. “Intellectual History and the History of Economic Thought: A Personal Account.” Journal of Interdisciplinary History of Ideas 6 (12).
Voir également le Routledge Handbook sur la pensée économique dans le monde [@routledg2015]. ↩︎
Sur les études sociales des controverses scientifiques, voir le livre de @gingras2014 avec de nombreuses études de cas intéressantes. ↩︎
Sur l’étude des conférences en économie, voir le double numéro spécial parut dans la Revue d’Economie Politique: https://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2021-4.htm et https://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2021-5.htm. ↩︎
Voir la typologie et les outils intéressants mis en avant par @allisson2020 sur la question de l’héritage intellectuel. ↩︎
A noter que Zotero peut également permettre de stocker des pages webs (comme des articles de presse ou des billets de blogs). ↩︎
Pour aller plus loin sur ce sujet, il existe quelques ouvrages intéressant (en anglais) sur le style d’écriture [@hayot2014; @sword2012]. ↩︎